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Perception Du Risque Et Intention French Essay

Paper Type: Free Essay Subject: French
Wordcount: 5515 words Published: 1st Jan 2015

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La faible absorption par les Economies en Développement des ressources humaines qualifiées renforce le débat sur la nécessité de favoriser l’insertion des jeunes par des initiatives autres que le travail salarié ou le fonctionnariat. Différentes initiatives sont prises allant jusqu’à la création des fonds d’insertion des jeunes par la mise à disposition des crédits de démarrage et des structures d’accompagnement. Malgré ces initiatives incitatives, beaucoup de jeunes ne sont pas candidats. Quelles sont les raisons possibles de cette réticence? une faible culture entrepreneuriale de ces jeunes ou une perception-menace du risque? une faible préférence au risque? la perception du risque a-t-elle une influence sur leur prédisposition future à créer leurs propres entreprises?

Cette recherche tente de répondre à ces questions à partir d’une étude de terrain menée auprès de 500 étudiants de cinq filières de formation.

Mots clés: Entrepreneuriat, Perception du risque, Préférence au risque, intention entrepreneuriale

Perception du risque et intention entrepreneuriale des étudiants: une recherche comparative entre étudiants en commerceet d’autres formations universitaires au Bénin

RESUME

La faible absorption par les Economies en Développement des ressources humaines qualifiées renforce le débat sur la nécessité de favoriser l’insertion des jeunes par des initiatives autres que le travail salarié ou le fonctionnariat. Différentes initiatives sont prises allant jusqu’à la création des fonds d’insertion des jeunes par la mise à disposition des crédits de démarrage et des structures d’accompagnement. Malgré ces initiatives incitatives, beaucoup de jeunes ne sont pas candidats. Quelles sont les raisons possibles de cette réticence? une faible culture entrepreneuriale de ces jeunes ou une perception-menace du risque? une faible préférence au risque? la perception du risque a-t-elle une influence sur leur prédisposition future à créer leurs propres entreprises?

Cette recherche tente de répondre à ces questions à partir d’une étude de terrain menée auprès de 500 étudiants de cinq filières de formation.

Mots clés: Entrepreneuriat, Perception du risque, Préférence au risque, intention entrepreneuriale

Introduction

Le développement du système éducatif à travers la multiplication et la diversification des offres de formation permet aux nations de se doter des ressources humaines qualifiées pour animer divers secteurs de la vie économique et sociale. En conséquence chaque année, ce sont des milliers de jeunes diplômés qui sont libérés de nos universités et divers centres de formation pour être «versés» sur le marché de l’emploi. Malheureusement sur ce marché, le permanent déséquilibre qui existe entre l’offre et la demande contraint généralement le surplus de demandeurs d’emploi au chômage. Toute jeunesse à travers le monde et en particulier celle des pays pauvres d’Afrique est généralement victime de tels déséquilibres socio-économiques et professionnels. Face à cette situation, les jeunes diplômés se comportement différemment selon les pays afin de s’offrir des opportunités de réussite dans leurs vies professionnelles privées. Si dans les pays développés, on note un cadre stimulant à l’initiative privée, c’est le cas contraire en Afrique. En effet, pour les contextes développés, Hernandez (2006) souligne que face aux difficiles contraintes de la société postmoderne, s’investir dans son propre projet professionnel, dans la création de sa propre organisation, peut être vu comme une façon de redonner du sens à une vie qui en manque de plus en plus. En Afrique, très peu d’entre eux arrivent à prendre des initiatives personnelles pour créer leur propre entreprise. Les quelques uns qui parviennent à initier ont tendance à imiter exactement ce qui se fait déjà sur le marché, une attitude contraire à ce qui caractérise l’entrepreneur dans la tradition Schumpetérienne et rappelé par Fonrouge (2008): l’entrepreneur est celui qui propose de nouvelles combinaisons de produit et/ou manières de faire, donc un innovateur. Pour la majorité d’entre eux en Afrique, c’est la logique de «l’emploi à tout prix»[1] (Sogbossi, 2005). C’est ainsi que par exemple au Bénin, un phénomène connu généralement sous le nom de «vacation» a vu le jour. Il consiste pour les jeunes cadres sortis des universités à prendre d’assaut les établissements d’enseignements secondaires pour y donner des cours dans l’espoir du mieux. S’il est vrai que ce phénomène contribue fortement à combler le déficit trop criard d’enseignants dans ces établissements, il n’en demeure pas moins vrai que cela constitue un véritable manque à gagner aussi bien pour ces jeunes que pour tout le pays en général.

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Malgré leurs formations qui font d’eux des gestionnaires, des économistes, des sociologues, des juristes etc., ces jeunes sont obligés de donner des cours de Mathématiques, de Sciences Physiques et Chimiques, de Biologies, de Français, d’Anglais etc. d’autres par contre finissent par regagner des professions militaires et paramilitaires afin de se garantir un emploi définitif. C’est donc dire que ces jeunes cherchent essentiellement à s’offrir un emploi salarié. Ils sont prêts à tout sauf la création d’une entreprise. Ils sont presque tous obsédés par l’idée de gagner un emploi salarié que l’on est tenté de conclure qu’ils ont une aversion pour l’entrepreneuriat. Cette situation contraste avec les conclusions de Hetezel (2006) pour les pays développés. Dans son rapport, cet auteur souligne la forte tendance des jeunes à entreprendre en donnant l’exemple du passage chaque année de 8000 jeunes diplômés environ de l’enseignement supérieur du statut d’étudiant à celui de créateur ou repreneur. Hernandez (2006) explique cette forte propension à créer par le fait que l’individu désorienté dans sa vie privée comme dans sa vie professionnelle, est en quête de sens. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’entrepreneuriat est aujourd’hui devenu un enjeu important pour plusieurs nations. Basso (2005) explique cet enjeu par le fait que l’émergence d’un avenir radicalement non prévisible appelle la nécessité d’une nouvelle posture volontariste, qui cherchera à maîtriser le risque en construisant son propre destin.

En expliquant les facteurs d’existence de l’entrepreneuriat chez les migrants maliens et sénégalais en France, Dieng (2000) fait ressortir que la rareté de l’emploi, les difficultés et la volonté d’une meilleure insertion économique et sociale entraînent le développement de l’entrepreneuriat chez ceux-ci. Il apparaît alors que la capacité des nouvelles entreprises à générer de la croissance économique, des emplois et de l’innovation justifie d’ailleurs amplement l’intérêt qu’elles suscitent. Devant cet enjeu, les milieux universitaires sont amenés à jouer un rôle de plus en plus actif, notamment en offrant des formations et supports à leurs étudiants de façon à rendre la carrière entrepreneuriale plus accessible. Cette implication des universités est d’autant plus importante dans le contexte actuel de la nouvelle économie où les étudiants sont de plus en plus amenés à considérer cette avenue professionnelle (Gasse et al. 2006). Si un grand nombres d’universités développent activement leurs liens avec le monde professionnel à travers la formation professionnelle continue, les séminaires, les projets de recherche conjoints, … (Dontriaux, 1992), très peu d’initiatives similaires existent dans les pays sous-développés.

Dans un tel contexte de faible culture entrepreneuriale et donc peu incitatif, l’entrepreneuriat peut apparaître pour les jeunes diplômés comme est un acte hautement risqué qu’il faut s’abstenir d’embrasser si on ne dispose pas d’importants moyens financiers et matériels, et d’un soutien indéfectible de son entourage. Alors que la situation de pauvreté amène les populations à se battre autrement, on s’étonne de l’attitude des jeunes diplômés, une attitude axée sur l’attente d’un emploi salarié et la réticence à la création. Un tel état des choses suscite assez d’interrogations dont une a particulièrement retenu notre attention: ¶ comment les jeunes étudiants béninois perçoivent-ils le risque entrepreneurial et quelle est leur préférence au risque?

Par ailleurs, L’entrepreneuriat entendu au sens strict comme une activité créatrice de nouvelles organisations, est considéré comme un phénomène producteur d’emploi et de richesse. Malheureusement, force est de constater que pour la jeunesse, l’idée d’entrepreneuriat est source d’une peur nourrie par la crainte de l’échec. La création d’une entreprise, aussi passionnante qu’elle puisse paraître, comporte également des risques énormes. Par conséquent, elle ne saurait être une improvisation de la part de son auteur, mais plutôt le fruit d’une intention nourrie auparavant de réflexions et d’analyses profondes. Dès lors, quelle est l’intention entrepreneuriale des étudiants en fin de formation?

Enfin, en dehors de la perception du risque, des études ont démontré que les prédispositions entrepreneuriales sont le fruit de plusieurs facteurs: les facteurs d’environnement (l’évolution des personnes dans des milieux donnés) et les facteurs individuels (les promoteurs d’entreprise possèdent certaines caractéristiques particulières). Gasse (2003) explique par exemple que la décision d’entreprendre repose sur trois dimensionsfondamentales: la désirabilité[2], la faisabilité perçue, la création (les moyens). L’entrepreneuriat étant avant tout une façon d’être, un style de vie, la désirabilité est influencée par la famille et les proches, le milieu immédiat, le profil psychologique, l’expérience, l’âge, le niveau d’instruction et de compétence, le type de formation . C’est donc dire que le goût pour l’entrepreneuriat peut être lié au type de formation. Ainsi, Est-ce que la filière de formation des étudiants a-t-elle une influence sur leur intention entrepreneuriale?

A travers ces questions, l’objectif général de cette recherche est d’analyser la perception du risque et l’intention entrepreneuriale des étudiants en fin de formation. Dans un contexte où la notion traditionnelle d’emploi est remplacée par le concept de portefeuille d’activités que chacun gère pour son compte (Hernandez), cette réflexion sur l’entrepreneuriat des jeunes en l’absence d’études empiriques dans le contexte béninois est d’un intérêt réel. Elle est structurée en quatre parties: la partie théorique, la méthode utilisée, les résultats et la conclusion.

1. Cadre conceptuel de la recherche

Le terme «entrepreneuriat»[3] est un terme très large admis dans un sens individuel, collectif et pour l’entreprise en entier. Cet élargissement de sens entraîne ainsi, la multitude d’acceptations qu’on retrouve dans la littérature (Leger-Jarniou, 2008). En effet, procédé mis en place par des individus, l’entrepreneuriat identifie de nouvelles opportunités et les convertit en produits ou services commercialisables. Il est aussi l’action de constituer une organisation et en particulier la création d’entreprise. Il recouvre l’ensemble des activités réelles quelque soit leur nature et susceptibles de procurer des gains futurs (Dieng, 2000). Pour Verstraete et Fayolle (2005), l’entrepreneuriat est une «initiative portée par un individu (ou plusieurs individus s’associant pour l’occasion) construisant ou saisissant une opportunité d’affaires (du moins ce qui est apprécié ou évalué comme tel) dont le profit n’est pas forcément d’ordre pécuniaire par l’impulsion d’une organisation pouvant faire naître une ou plusieurs entités et créant de la valeur nouvelle (plus forte dans le cas d’une innovation) pour des parties prenantes auxquelles le projet s’adresse».

L’entrepreneuriat relie donc l’individu à une opportunité[4], et c’est justement dans ce sens que Brush et al. (2003) donneront une définition de l’entrepreneuriat qui prendra en compte les deux notions: entrepreneur et opportunité. Pour eux, l’entrepreneuriat est une discipline qui étudie le processus par lequel les entrepreneurs identifient, explorent et exploitent une opportunité. Ainsi, l’entrepreneur est souvent associé à la création voire de façon résolument synonymique (Verstraete, 2000). Ce dernier se réserve, quant à lui, de donner une définition de l’entrepreneuriat; pour lui, c’est un phénomène bien trop complexe pour être réduit à une simple définition. Il se résout à en donner une plus large: ‘’L’entrepreneuriat est un phénomène combinant un individu et une organisation, l’un se définissant par rapport à l’autre et vice versa”. L’engagement de cet individu dépend de sa perception du risque lié à son initiative, une perception qui à son tour déterminera l’intention entrepreneuriale. Ainsi, cette partie théorique abordera successivement le risque entrepreneurial et l’intention entrepreneuriale.

1.1 Le risque entrepreneurial et sa perception

Pendant longtemps, les chercheurs en entrepreneuriat ont soutenu l’idée que créer une entreprise est un comportement risqué. Fayolle et al. (2008) ont alors souligné que la volonté à prendre des risques ou la propension au risque était le trait de personnalité qui discriminait les entrepreneurs des non-entrepreneurs. La prise de risque apparaît ainsi comme l’une des caractéristiques distinctives du comportement entrepreneurial. Elle demeure au cœur des différentes recherches qui ont abordé l’entrepreneur en ce sens que la création d’une nouvelle entreprise ou la reprise d’une existante est par définition une aventure tachée de risques. Le risque est présent dans tout projet, quel que soit l’activité ou le secteur visé, il est une conséquence évidente de l’incertitude et de la contingence dans laquelle baigne chaque projet. Sa perception est alors admise comme un déterminant du comportement entrepreneurial de l’individu.

Cette perception a été conceptualisée d’une manière générale comme une évaluation du risque par le décideur ou l’acteur dans une situation donnée. Ainsi, le risque est perçu comme un déterminant du comportement risqué et de la prise de décision entrepreneuriale. Autrement dit, la perception du risque est présumée être négativement associée avec les comportements ou les décisions risquées et l’acte de création d’entreprise. Macgrimmon et Wehrung (1985) postulaient que«la prise de risque comprend deux composants: le degré de risque des situations et la volonté des individus à prendre des risques». L’importance relative de ces éléments[5] a évolué au cours du temps dans la littérature en une autre dimension de perception du risque qui vient de la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991) et de ses applications dans la littérature en entrepreneuriat. Dans cette théorie, les intentions vis-à-vis d’un comportement donné sont déterminées par les attitudes vis-à-vis du comportement, le degré de perception du contrôle de ce comportement et les normes subjectives liés à ce comportement. Ces normes expriment une certaine pression sociale qui est perçue par les individus et les poussent à réaliser le comportement ou à ne pas le faire. Fayolle et al. (2008) s’intéressant aux perceptions du risque associées à la décision de création d’entreprise, ont trouvé logique d’inclure une dimension sociale à leur échelle de mesure du risque. Au-delà de tout, démarrer une nouvelle entreprise exige non seulement une capacité financière et un engagement personnel, mais aussi un important soutien de la famille et des amis. Inversement, le faire peut avoir des conséquences positives et négatives pour ces deux groupes sociaux.

Par ailleurs, le risque est le facteur clé qui motive les entrepreneurs à s’engager dans le processus de création et également le facteur qui décourage les non-entrepreneurs. Pendant que les uns le perçoivent comme une opportunité à saisir absolument, les autres le voient plutôt en termes de menace potentielle qu’il faut éviter. Plusieurs auteurs se sont intéressés à ces deux aspects du risque entrepreneurial.

D’abord une conceptualisation originale du risque entrepreneurial qui s’écarte des modèles traditionnels basés sur la théorie de l’utilité a été présentée par Dickson et Giglierano (1986). Dans leur modèle, le risque entrepreneurial a deux composantes: le risque d’échec[6] et le risque de manquer une opportunité[7]. Dans la continuité des travaux de Dickson et Giglierano, Fayolle et al. (2008) pensent aussi que le risque entrepreneurial est mieux conceptualisé en termes de risque d’échec et de risque de manquer une bonne opportunité.En complément, ces auteurs suggèrent d’étendre les idées de Dickson et Giglierano en conceptualisant deux types de risque: Le risque comme une menace et le risque comme une opportunité

En tant que menace, le risque correspond à la vision classique perçu à travers des pertes potentielles, l’importance de ces pertes et l’incertitude de ces pertes (Mullins et Forlani, 2005; Yates et Stone ,1992).Il correspond également à la notion de risque d’échec ou «Sinking the boat» dans l’approche de Dickson et Giglierano

En tant qu’opportunité, le risque représente la face opposée du risque, perçu à travers des gains potentiels, leur importance et leur incertitude. Les gains potentiels sont, bien évidemment, la force motrice poussant les entrepreneurs à agir. La conception du risque comme une opportunité permet donc une meilleure compréhension des facteurs qui motivent les entrepreneurs, en intégrant plus particulièrement des notions telles que le sentiment de regret. Ce développement mène à la proposition suivante: H1: Les étudiants en fin de formation perçoivent le risque entrepreneurial comme une menace parce qu’ils ont généralement peur d’entreprendre et préfèrent pour la plupart poursuivre un emploi salarié.

1.2 L’intention Entrepreneuriale

Le concept de l’intention[8] entrepreneuriale a été défini et expliqué par plusieurs auteurs. Parmi eux, retrouvons Krueger et Carsrud (1993) qui définissent l’intention entrepreneuriale comme une structure cognitive qui conclut les fins et les moyens. Partageant cet avis, Bird (1988) précise que«celle-ci représente un processus cognitif qui naît avec les motivations les besoins, les valeurs et les croyances». Pour Grant (1996), l’intention entrepreneuriale est définie par les jugements de l’individu sur la probabilité de posséder sa propre entreprise. Ajzen(1991) quant à lui définit l’intention comme un «indicateur» de la volonté à essayer, de l’effort que l’on est prêt à consentir pour se comporter d’une certaine façon. Tournés (2006) souligne qu’elle est caractérisée par la détermination, la résolution et la volonté.

Au regard de ces définitions, on pourrait déduire la place qu’occupe l’intention dans le processus entrepreneurial. En psychologie, l’intention s’est avérée ainsi être le meilleur moyen de prévoir un comportement planifié, particulièrement lorsque ce comportement est rare et difficile à observer. La création d’entreprise en est l’exemple type d’un tel comportement planifié et intentionnelles. Selon les modèles d’intentions entrepreneuriales, l’intention précède l’action. En dehors des actes routiniers où l’action peut précéder l’intention, un comportement intentionnel peut prédire par l’intention d’avoir un comportement donné. Krueger et Carsrud (1993) en concluent que l’intention entrepreneuriale a un rôle central dans le processus entrepreneurial parce qu’elle forme un élément de soutien des nouvelles entreprises.

Même si les idées d’affaires naissent avec l’inspiration, Bird (op.cit.) fait remarquer qu’une attention et une intention soutenues sont nécessaires pour les rendre manifestes. Elle précise que l’intention entrepreneuriale oriente l’expérience et l’action vers l’objectif de création d’entreprise. Ainsi les intentions entrepreneuriales sont essentielles à la compréhension du processus général d’entrepreneuriat car elles établissent les caractéristiques initiales des nouvelles organisations. Elle va plus loin pour conclure que l’entrepreneuriat est un processus où l’intentionnalité est centrale. Selon elle, l’étude de l’intention entrepreneuriale, fournit une voie avancée de la recherche qui permet de dépasser les études descriptives.

Il ressort de ces développements que l’intention permet de prédire le comportement et par conséquent son étude est très indispensable pour expliquer le processus qui conduit à la création d’une entreprise. Son intensité et sa pertinence vont déterminer toute la suite de la démarche entrepreneuriale de l’individu. D’où notre proposition: H2: L’intention entrepreneuriale des étudiants en fin de formation est très faible car très peu d’étudiants ont la volonté de créer une entreprise à l’issue de leurs formations.

2. La méthode utilisée

2.1 Les participants

Les étudiants en fin de formation constituent la population de base de cette recherche. Il s’agit des étudiants des troisième (BAC+3) et quatrième (BAC+4) années des entités de formation publique. Cinq domaines de formation sont concernés : les sciences juridiques, l’agronomie, la médécine, l’économie et la gestion.

2.2 La mesure des variables

Cette recherche porte sur trois variables: la perception du risque entrepreneurial, la préférence au risque, l’intention entrepreneuriale

La perception du risque entrepreneurial a été mesurée dans cette recherche grâce à cinq (05) items adaptés des travaux de Fayolle et al. (2008). La préférence au risque des étudiants a été appréciée à partir de cinq (05) items issus de l’observation et adaptés de Weber et al. (2002).

Considérée comme une volonté individuelle et une liberté, l’intention ou la volonté est considérée par Hernandez (1999) comme le premier élément nécessaire pour créer une organisation. Elle réflète l’objectif ou les objectifs du ou des créateur (s). L’intention entrepreneuriale des étudiants a été évaluée sur deux dimensions : la perception de la désirabilité et la perception de la faisabilité.

La désirabilité à l’entrepreneuriat des étudiants a été appréciée à travers trois itemsadaptés de Bird (1988). Les trois items demandaient aux étudiants de se prononcer surla forte probabilité de créer une entreprise ou de poursuivre un emploi salarié après les études et ce qu’ils pensent de leur chance de réussir dans la vie professionnelle en créant une entreprise.

Afin de savoir ce que pensent les étudiants de la faisabilité de leurs intentions de créer une entreprise, nous avons également retenu trois items. Ces items demandaient aux étudiants de se prononcer sur la facilité pour eux de devenir créateurs d’entreprise ou de trouver un emploi salarial et s’ils pensent avoir un contrôle parfait de la situation en tant que créateur d’entreprise.

2.3 Les principales étapes de la recherche

Cette recherche a démarré par une observation du comportement entrepreneurial des étudiants pendant et après leur formation. Cette observation nous a permis de nous rendre compte que malgré le taux du chômage croissant, très peu d’étudiants s’engagent dans l’entrepreneuriat. Les constats de cette observation ont nourri l’idée de la présente recherche qui repose sur trois variables. Ils ont aussi permis d’élaborer quelques items et d’adapter ceux issus de la littérature.

La mesure de ces variables a été faite sur la base d’un questionnaire d’enquêtes quantitatives. Structuré à base d’échelle d’attitude, ce questionnaire est composé d’un ensemble de dix huit (18) items et répartis en trois dimensions : la perception du risque entrepreneurial, la préférence au risque, l’intention entrepreneuriale à travers la perception de la désirabilité et la perception de la faisabilité. La partie identification de l’enquêté concerne le domaine d’étude, l’âge, le sexe, le contact et la présence d’entrepreneur dans la famille des répondants. Dans le but de vérifier la compréhension et la cohérence des items, un pré-test a été effectué auprès d’une dizaine d’étudiants. Deux items ont été éliminés et cinq autres reformulés. L’importance de chaque item a été évaluée sur une échelle de type Likert à quatre points variant de 1 à 4: «Pas d’accord», «Ne sais pas», un peu d’accord et «d’accord. Par ailleurs, comme recommandés par Smith et Blackbum (1988) et Aupperle et al. (1985), les propriétés psychométriques de validité et d’intégrité du questionnaire ont été examinées. L’instrument s’est révélé robuste avec le coefficient alpha d’intégrité de Crombach’S égal à 0,79.

En tenant compte de la taille des étudiants en fin de formation des cinq entités[9] de formation dont les filières sont concernées par la présente recherche, la taille n de l’échantillon a été obtenue grâce à la formule ci-après:

n ≥ [tα2 p (1-p) ]/e2

p est le pourcentage d’étudiants en fin de formation , p = 15% et q = (1-p); e la marge d’erreur (ici nous retenons e = 5%); tα la valeur de la loi de Student au seuil α; α le seuil de confiance recherché (pour α = 95%, tα = 1,96)

n= (1,96)2×0,15×0,85/(0,05)2

Soit n= 196 étudiants.

Mais nous avons retenu cinq cent (500) étudiants. Ces étudiants interrogés sont de la tranche d’âge 22 à 29 ans avec une forte dominance des individus du sexe masculin qui sont au nombre de 404 étudiants (soit 80,80%) contre seulement 96 étudiantes (soit 19,20%). Par ailleurs, 64,80% des interrogés n’ont aucun parent créateur d’entreprisealors que 21,20% ont un seul parent créateur et 14% affirme avoir plusieurs parents créateurs d’entreprises. Le tableau n°1, nous présente la répartition des enquêtés suivant les différentes filières de formation.

Tableau n°1 Répartition des enquêtés par filière de formation

Filières de formation

Effectifs

Fréquences

Agronomie

92

18,40%

Droit

74

14,80%

Economie

156

31,20%

Gestion

130

26%

Médecine

48

9,60%

Total

500

100%

La méthode d’échantillonnage retenue est celle non probabiliste, précisément la méthode de convenance. Nous avons choisi la méthode non probabiliste en raison des difficultés d’exploitation de la liste officielle des étudiants notamment l’absence de coordonnées précises pouvant permettre leur identification. Le questionnaire a été administré face à face.

Quant à l’analyse des données, les résultats liés au risque perçu, à la préférence au risque et à l’intention entreprneuriale ont fait l’objet de calcul de score. Quant à l’influence de la filière d’étude sur l’intention, un test de khi-deux a été effectué.

3. Les résultats de la recherche

Les principaux résultats de notre recherche porteront successivement sur la perception du risque entrepreneurial, la préférence au risque et l’intention entrepreneuriale des étudiants.

3.1 Perception du risque entrepreneurial

Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau n°2.

Tableau n°2: La perception du risque entrepreneurial par les étudiants

Items

Pas d’accord

Ne sais pas

Un peu d’accord

D’accord

TOTAUX

Lorsqu’on crée une nouvelle entreprise les probabilités de faillite sont très élevées

152 (30,40%)

236 (47,20%)

112 (22,40%)

500(100%)

Dans la création d’une nouvelle entreprise, les possibilités de gagner beaucoup d’argent sont très élevées

144 (28,80%)

254 (50,80%)

102 (20,40%)

500 (100%)

Si j’échouais dans la création d’une nouvelle entreprise, je perdrais mon honneur

270

54%

118

23,60%

112

22,40%

500

100%

Toute idée d’entreprise comporte des risques; je vois cela comme une opportunité

52 (10,40%)

02 (0,40%)

88 (17,60%)

358 (71,60%)

500 (100%)

En résumé, je vois l’option de créer une nouvelle entreprise comme une chose positive

10 (2%)

04 (0,80%)

64 (12,80%)

422 (84,40%)

500 (100%)

Source: Résultats des enquêtes, juin 2009

47,20% des étudiants admettent quelque peu que les probabilités de faillite des nouvelles entreprises sont très élevées, contre 22,40% qui l’admettent entièrement. Ces résultats sont sensiblement voisins à ceux recueillis à propos des possibilités de gagner beaucoup d’argent dans la création d’une entreprise. Par contre, 54% d’entre eux n’admettent pas qu’on pourrait perdre son honneur suite à un échec dans la création d’une nouvelle entreprise. La quasi-totalité soit respectivement 71,60% et 84,40% est entièrement d’accord que le risque entrepreneurial est une opportunité et la création d’une entreprise, une initiative positive.

3.2 Préférence au risque

Les résultats sont résumés dans le tableau n°3

Tableau n°3: L’appréciation de préférence au risque des étudiants

Items

Pas d’accord

Ne sais pas

Un peu d’accord

D’accord

TOTAUX

Entre créer mon entreprise et être salarié, je préfère créer mon entreprise

38

7,60%

28

5,60%

98

19,60%

324

64,80%

500

100%

Entre créer mon entreprise et être salarié, je préfère être salarié.

288 (57,60%)

34 (6,80%)

130 (26%)

48 (9,60%)

500 (100%)

Je préfère créer mon entreprise car cela me rend indépendant

40 (8%)

18 (3,60%)

98 (19,60%)

144 (28,80%)

500 (100%)

Je préfère être salarié car cela me garantie l’emploi

216 (43,20%)

22 (4,40%)

162 (32,40%)

100 (20%)

500 (100%)

Je préfère créer mon entreprise car je peux y gagner beaucoup d’argent

48 (9,60%)

20 (4%)

184 (36,80%)

248 (49,60%)

500 (100%)

Source: Résultats des enquêtes, Juin 2009

Ici, la préférence à l’entrepreneuriat a été exprimée à 64,80% contre seulement 9,60% pour l’emploi salarié. On remarque également que 43,20% des répondants ne sont pas d’accord pour la garantie de l’emploi comme raison pour la préférence à l’emploi salarié. Or 49,60% préfèrent l’entrepreneuriat parce qu’ils espèrent y gagner beaucoup d’argent.

3.3 L’intention entrepreneuriale des étudiants

Nous avons évalué l’intention entrepreneuriale des étudiants sous deux aspects: la perception de la désirabilité et la perception de la faisabilité. Les tableaux 4 et 5 portent respectivement sur chacune de ces dimensions.

Tableau n°4: La perception de la désirabilité par les étudiants

Items

Pas d’accord

Ne sais pas

Un peu d’accord

D’accord

TOTAUX

Après mes études, la probabilité que je crée mon entreprise est très forte

66 (13,20%)

92 (18,40%)

156 1,20%

186 (37,20%)

500 (100%)

Après mes études, la probabilité que je poursuive une carrière de salarié est tr

 

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